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Werdok dans l'Isoloir
26 mars 2007

L'iditenté nationale

Voilà le nouveau sujet de la campagne. Un sujet qui comporte par derrière tout ce qu'il y a de nauséabonds. Surtout s'il est associé à Immigration ou à Ministère (alors je ne parle pas de quand il est associé aux deux).

L'identité nationale, qu'est ce que c'est? Personnellement, je suis intimement convaincu, qu'au même titre que l'amour, la haine ou tout autre sentiment, l'identité nationale, cela ne se décrète pas. L'identité nationale, c'est ce sentiment qui permet à chacun de se dire : "J'ai envie d'être français", "j'ai envie de faire un bout de chemin avec les autres français", "Je suis fier d'être français". Comme tout sentiment, il ne peut que varier dans le temps, que ce soit en intensité ou en périmètre. Oui, je le reconnais, la France de Pasqua quand j'étais lycéen, elle me faisait honte, j'aurais préféré être suédois à l'époque. Aujourd'hui, avec l'age, je me sens complétement français. Mais je sais aussi que ma propre identité nationale n'a certainement rien à voir avec celle de mon voisin facho. Pour moi, la France, c'est celle qui aide des réfugiés tchétchènes dans un petit village de 500h. Ce n'est pas celle qui rafle à la soupe populaire. Pour moi, être français, ce n'est pas manger de la tête de veau importé d'Argentine, mais plutôt manger du couscous au poulet AOC du Sud Ouest.

En plus, l'identité nationale n'est certainement pas exclusive. Oui, je suis français, mais je suis aussi européen, stéphanois, toulousain, gersois et tant d'autre encore. Ma personnalité s'est construite sur toute ma vie. Et ma personnalité est constitutive de mon identité nationale. Dans mon mode de vie, dans mon appartenance, je suis presque aussi proche de l'aragonais que de l'ardennais. Là, on touche peut être l'un des fondamentaux de l'identité nationale : la langue. Oui, ce qui m'empêche de me sentir plus proche de l'aragonais, c'est bien la différence de langue. Mais avec l'ardennais ou l'alsacien, il y a d'autres différences fondamentales qui font que je ne m'en sens pas plus proche. Et pour moi, je considère le Wallon aussi proche de moi que l'ardennais. Et le Valaisien, bien plus proche de moi que l'ardennais. De même, dans mon identité de stéphanois (même si sa place diminue plus le temps passe en dehors de cette région), je me sens plus auvergnat que rhone-alpin alors que les dirigeants stéphanois ou liguriens se sentent visiblement plus rhone-alpins qu'auvergnats. Ce genre de choses ne se décrètent pas par un ministère : elles se sentent au plus profond de chacun.

Alors on va me dire : Oui, mais l'Histoire de France, c'est aussi constitutif de l'identité nationale. C'est une base commune. Vraiment? Pourquoi devrais je glorifier Clovis? Parce que c'était le chef des Francs? Et alors? Suis je franc? Est ce que la moitié sud de la France, conquise par les descendants des francs par la force, contre son plein gré, doit reconnaitre à Clovis le rôle d'ancêtre? Est ce que la Bretagne, intégrée à la France par mariage, doit se reconnaitre dans Clovis? Sans parler de la Savoie ou de Nice, arrivés en France dans une période très récente? Et l'Alsace et le nord de la Lorraine dont l'absence de la France au début du siècle font qu'elles ont encore un statut à part sur de nombreux points? Je dois me glorifier de la colonisation française?
Alors oui, il y a surement des points historiques qui font l'identité nationale, mais là aussi, c'est chacun qui le sent comme il veut. Chez certains, ce sera Clovis, Charlemagne. Chez d'autres, ce sera les Cathares. Chez certains ce sera Henri IV, chez d'autres la Ligue. Chez certains ce sera Versailles. Peut être Voltaire ou Molière. La Révolution? Ou bien la Terreur?

L'identité nationale n'appartient à personne. Elle appartient à tout le monde. Chacun a son petit bout d'identité nationale. Et l'identité de la France, c'est la somme de toutes ces identités. Et les réfugiés kosovars dont la fille vient d'avoir le bac et qui sont fiers de cette France qui les a accueilli et dont la fille est une élève appliquée ont leur part dans cette construction. Et le fonctionnaire qui a renvoyé un tamoul au Sri Lanka soit disant parce qu'il n'était pas en danger, en a aussi sa part. L'identité française a aussi sa part d'ombre. En 1940, l'identité française était des deux cotés...

Aujourd'hui, je me reconnais dans la France qui veut construire l'Europe environnementale. Je me reconnais beaucoup moins dans celle qui veut un état policier. On verra laquelle gagnera.

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