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Werdok dans l'Isoloir
22 janvier 2007

Décryptage de l'interview au Monde de NS - 2

Que ferez-vous sur l'université ?

Nous proposerons un statut d'autonomie pour toutes les universités qui le désireront. [1] Les universités qui accepteront de se réformer auront des moyens supplémentaires. [2]

[1] Question surprise au milieu de rien sur l'Université. Avec le même raisonnement : le Volontariat.

[2] Et comme dans l'entreprise, ceux qui ne seront pas volontaires seront sanctionnés !!!

Dans quelles dépenses de l'Etat-providence peut-on tailler ?

Je ne pense pas qu'il y ait matière à beaucoup d'économies dans la santé. [3] Compte tenu de l'allongement de la durée de la vie, du progrès médical et de l'aspiration bien naturelle de nos concitoyens à vivre en bonne santé, l'investissement dans la santé sera forcément majeur. [4]

[3] Faut dire que 5 ans d'UMP au pouvoir, il ne reste plus grand'chose à économiser...

[4] Alors, les économies, ce n'est ni sur la Police, ni sur la Santé qu'on les fait... Bien, bien, bien... Attendons...

Restez-vous favorable à une santé quasi totalement socialisée ?

Je suis pour une santé fondée sur la solidarité, mais nous n'éviterons pas de responsabiliser les patients. [5] Il faut instaurer une franchise modeste par famille, et pas par individu, sur les premiers euros de dépenses annuelles en consultations médicales ou en examens biologiques.[6]  Je suis en revanche réservé sur le forfait de 1euro sur les boîtes de médicaments, qui pénalise, c'est un comble, ceux qui sont le plus gravement malades.[7]

[5] Ni les professionnels de la Santé... Mais chut, ce sont des électeurs... Alors que ces familles d'assistés qui profitent du système pour se faire refaire les dents, hein...

[6] Un peu plus logique que le forfait de 1€ par consultation... Mais cela veut dire que ceux qui ne font pas souvent appel à la Sécurité Sociale se font complétement baisés puisque non seulement ils payent, mais ils n'en récoltent rien.

[7] Ah, c'est dur de trouver le juste milieu...

Faut-il instaurer des cotisations maladie progressives, alors qu'elles sont aujourd'hui proportionnelles ?

Je n'y suis pas favorable. Il faut essentiellement responsabiliser le patient.[8] Tous les ans, il y aura un débat au Parlement : si l'objectif national de dépenses est respecté, on baissera la franchise. Si ce n'est pas le cas, on l'augmentera. Il y aura certaines exonérations, par exemple pour les ménages les plus modestes. Cette formule me semble infiniment plus utile que l'augmentation de la contribution sociale généralisée (CSG), qui n'a aucune vertu pédagogique [9]et pèse sur les prélèvements obligatoires.[10]

[8] Revoilà le patient à responsabiliser

[9] Aucune vertu pédagogique car trop obscure, sans doute... Mais pas de souci, comme pour le prix de l'essence, la franchise aura toujours la même tendance...

[10] Et donc sur mon Dogme... Bref, son but, derrière tout cela, est bien d'individualiser l'assurance maladie en baissant la part de la redistribution au profit de contributions individuelles.

Doit-on responsabiliser le corps médical ?

Il l'est. [11]La médecine libérale, qui ne représente que 15 % des dépenses, a fait beaucoup d'efforts.[12] Je propose deux réformes sur l'hôpital : celle de la gouvernance, car les hôpitaux ont besoin d'un patron[13], et celle de la carte hospitalière, mais sans s'inscrire dans une logique du tout ou rien. Je précise qu'il faut conserver des équipements de proximité. On peut avoir des regroupements d'établissements en gardant des sites géographiques différenciés.[14]

[11] Eclat de rire

[12] Oh oui, ils se sont privés de la nouvelle BMW... Non, je plaisante, mais quels efforts ont ils faits? Honnêtement? Précisez monsieur le Candidat... Rappelez nous de combien a augmenté la visite chez le généraliste ou le spécialiste depuis 5 ans?

[13] Par contre, la santé publique, là oui, il faut faire des économies, rationnaliser...

[14] Ménager la chèvre des dépenses publiques et le chou des électeurs et élus locaux. Difficile exercice là encore.

Pouvez-vous préciser vos propositions sur la fiscalité ?

J'ai déjà évoqué la fiscalité sur le travail. Je veux en outre que 95 % des Français soient exonérés des droits de succession. [15] La vie est mal faite : quand on est plus âgé, on a moins de besoins et plus de revenus. Quand on est jeune, on a beaucoup de besoins et peu de revenus. [16] Je crois à la mobilité du capital, du patrimoine. [17] Le problème de la France, c'est qu'on hérite trop tard.[18]  Quand on a travaillé toute sa vie et qu'on a créé un patrimoine, on doit pouvoir le laisser en franchise d'impôt à ses enfants.[19]

[15] Quel impact sur le déficit, Mr le Candidat?

[16] Ca, la vie est mal faite... Et en plus, ce sont les jeunes qui travaillent qui payent les retraites de ceux qui ne travaillent pas.

[17] Succession ou donation? Aide intergénérationnelle ou appat financier? Je n'ai pas les chiffres des valeurs de succession (quelles pourcentages et quelles valeurs?)

[18] Personnellement, je ne suis pas pressé d'hériter... Je préfère garder mes parents en vie...

[19] Sur le travail pourquoi pas? Mais le reste... Notons que l'homme le plus riche du Monde, Bill Gates, pense exactement le contraire et estime que ce n'est pas un cadeau à faire à nos enfants que de leur refiler notre richesse... Vaste débat.

Faut-il exonérer les patrimoines jusqu'à 300000 euros ?

Qu'il faille un plafond, sûrement, mais je préfère m'en tenir à des principes. Je veux laisser prospérer le débat. Les socialistes veulent augmenter les impôts. Nous voulons les réduire. Voici l'un des grands débats de la présidentielle.[20]

[20] Tout à fait. L'un des grands débats de société... Et il faut savoir ce qu'il veut dire... Moins d'impot = moins de redistribution. Les "choses", les "services" ont une valeur. Si ce n'est pas l'Etat qui les paie, ce sont les citoyens directement dans leur poche. Et pas sûr que la plupart des français y gagnent.

N'est-ce pas contradictoire avec l'idée qu'il faut accumuler pour la retraite ?

La retraite, ce n'est pas un problème d'épargne mais de travail. [21] Si cela vous intéresse de travailler jusqu'à 70ans et de partir ensuite en vacances plutôt qu'acheter un appartement pour vos petits-enfants, c'est votre droit. [22]Mais en travaillant davantage, vous contribuez à résoudre le problème de l'équilibre des retraites.[23]

70 ans, est-ce un cap à fixer ?

Non, le cap c'est la liberté. Il faut que celui qui veut travailler plus longtemps puisse le faire. Je souhaite une société du libre choix.[24]

Faut-il garder la retraite à 60 ans ?

Le droit à la retraite à 60 ans doit demeurer, de même que les 35 heures continueront d'être la durée hebdomadaire légale du travail. Que ce soit un minimum, cela me va très bien. Ce que je n'accepte pas est que cela soit aussi un maximum.[25] Quelle drôle d'idée que d'interdire aux Français de travailler plus pour gagner plus. [26]

[21] Faux... Ca l'était. Mais pour les générations actuelles, c'est un problème d'épargne, plus de travail.

[22] Travailler jusqu'à 70 ans mérite de partir en vacances ensuite... Toujours est il qu'il faut pouvoir travailler jusqu'à 70 ans. Chacun sait que l'allongement de la durée de cotisation n'a pas pour but de faire travailler les gens plus longtemps mais de diminuer le taux de reversement.

[23] Vrai et faux. Vous contribuez à résoudre le problème de l'équilibre des retraites aujourd'hui. Mais absolument pas la vôtre!!

[24] Mais pour celui qui ne fait pas le "bon" choix, c'est punition... Original comme libre choix...

[25] 60 ans n'est pas un maximum... 35h non plus...

[26] Pour travailler plus, il ne faut pas le permettre. Il faut fournir plus de travail...

Réformerez-vous les stock-options ? 

Je n'aime pas l'idée de stock-options réservées à un petit groupe de cadres dirigeants.[27] Je suis très tenté par l'idée de plans de stock-options pour tous, ou pour personne.[28] Il faut aussi débloquer les fonds de participation. Je suis également très réservé sur les "golden parachutes".[29] Les gros salaires ne me choquent pas à condition qu'ils soient associés à un vrai risque. Pour prendre un exemple, Patrick Kron qui a redressé Alstom mérite un gros salaire. Son prédécesseur ne méritait pas de golden parachute.[30]

[27] Et pourtant...

[28] Pour acheter des stocks options, il faut pouvoir épargner... Et les bas salaires ne peuvent pas épargner.

[29] Difficile de dire le contraire...

[30] Il n'y a pas à dire : être membre de X conseils d'administration est un vrai risque! Comme d'ailleurs chanter "Je suis un rebelle" sur scène...

Que ferez-vous de l'impôt de solidarité sur la fortune (ISF) ?

Il n'y aura pas de suppression de l'ISF si je suis président de la République.[31] Il est normal que ceux qui ont les plus gros patrimoines paient davantage. En revanche, je crois à un bouclier fiscal à 50% intégrant la CSG et la contribution au remboursement de la dette sociale (CRDS). Autrement dit, nul ne paiera au fisc plus que la moitié de ce qu'il a gagné.[32]

[31] Sujet sensible et petite phrase destinée aux journalistes. Que ce soit cela qui ressorte de cette interview ultra-libérale et c'est gagné.

[32] Le bouclier fiscal à 50% revient quasiment defacto à la suppression de l'ISF. Sauf dans quelques cas bien particuliers. Ce qui est sûr, c'est qu'on trouve là les économies citées au début de l'article, et que la moyenne de 2000€ par foyer fiscal est tirée très, très haut par ces dispositions.

Il faut faire revenir les patrimoines et créer une nouvelle génération de capitalistes familiaux, qui investissent dans les petites et moyennes entreprises et au service de l'emploi. J'entends donc donner à ceux qui paient l'ISF la possibilité de déduire une somme de cet impôt, par exemple jusqu'à 50000 euros, à condition de l'investir dans les PME

[33] Je veux que tous ceux qui ont des projets puissent les financer et pas seulement dans la high-tech ou dans Internet[34]

[33] Pourquoi pas... Mais bon, là encore, est ce la priorité? Et pourquoi que pour les gens qui paient l'ISF?

[34] Les banques sont normalement faites pour cela. Malheureusement, elles sont trop occupées à délocaliser pour payer les salaires et retraites de leurs dirigeants.

Sortirez-vous la résidence principale de l'assiette de l'ISF ?

L'Etat n'a pas à arbitrer sur les choix d'investissement des Français. Surtout, on ne peut pas se plaindre de la faiblesse de l'actionnariat français et considérer qu'il faut payer l'ISF quand on achète des actions mais pas quand on a de l'immobilier.

[35] A moins que ce ne soit cela la petite phrase sensée être retenue par les médias. Cela dit, difficile de le contredire. Il faudrait juste préciser comment on calcule la valeur de la résidence principale et comment on peut éviter que quelqu'un soit victime de la spéculation immobilière des autres.

Que faire néanmoins sur l'immobilier?

Grâce à l'inflation, les classes moyennes, il y a quarante ans, pouvaient aisément devenir propriétaires de leur logement. Elles ne le peuvent plus aujourd'hui. Ce n'est ni normal ni juste.[36] Je veux une France où chacun puisse accéder à la propriété [37]et propose que l'on puisse déduire 100% des intérêts d'emprunt contracté pour l'acquisition de son logement de son impôt sur le revenu.[38] Il n'y a aucune raison qu'on paie des impôts sur les intérêts qu'on verse. L'Etat, lui, doit mettre sa signature au service de celui qui n'a pas de caution – je suis pour un service public de caution [39]– et en outre il faut supprimer la surprime imposée aux malades qui empruntent. Je veux aussi le crédit revolving, c'est-à-dire donner la possibilité d'emprunter de nouveau à mesure que l'on rembourse ses emprunts. Une société qui emprunte est une société qui croit en l'avenir.[40]

[36] Oui... C'est sûr... Et par l'augmentation des prix en raison de la spéculation immobilière et des différentes aides fiscales pour les multi-propriétaires.

[37] Commençons par donner la priorité aux primo-accédants plutôt qu'aux investisseurs immobiliers. Ca permettrait de relacher une certaine pression sur les nouveaux programmes.

[38] Pourquoi pas... Même si c'est encore à l'Etat de payer les bénéfices des entreprises privées (les banques en l'occurrence)

[39] Ca ne mange pas de pain.

[40] Une société endettée, c'est surtout une société qu'on tient par les couilles (excusez moi le terme). Quand on emprunte pour 30 ans, difficile de prendre une année sabatique, de prendre des risques pour monter son entreprise ou d'autres "risques" de ce type. Être endetté sur 30 ans, ça veut dire que pendant 30 ans, on est soumis aux ordres de son(ses) employeur(s) avec l'angoisse du chomage et la précarisation. Et rien ne vaut un salarié qui a peur du chomage... (pour un patron). Je caricature, et pourtant...

Doit-on augmenter le smic?

Porter le smic à 1500 euros, comme le proposent certains socialistes, ce serait un tout petit effort sur la durée de la législature. [41] En réalité, tout en conservant le smic, il faut s'attaquer à l'écrasement des grilles salariales et faire un effort sur l'ensemble des salaires. [42] Eux veulent l'augmentation du seul smic; je préfère l'augmentation de tous les salaires grâce à l'augmentation de la quantité de travail.[43]

[41] Tout à fait. Mesure purement démagogie qui ne mange pas de pain.

[42] Tout à fait aussi...  Le problème, c'est qu'en aidant les emplois au SMIC (grande méthode de début de la législature), on favorise ce tassement en incitant les employeurs à garder leurs employés le plus près du SMIC possible.

[43] En fait, on augmente les salaires uniquement parce qu'on travaille plus... Ce ne sont pas des augmentations de salaire, ce sont des augmentations de travail.

La chancelière allemande Angela Merkel dit qu'il faut laisser la BCE hors de la politique.

Je suis tout à fait d'accord. [44] Mais si nous avons fait l'euro, c'est pour faire une zone de croissance. J'ai confiance dans l'euro, mais la stratégie qui consiste à rester en permanence immobile sur les taux d'intérêt, c'est l'exemple inverse de ce qu'a fait Alan Greenspan [ancien président de la Réserve fédérale américaine] aux Etats-Unis ou Gordon Brown [chancelier de l'Echiquier] en Angleterre avec le succès que l'on connaît. Il ne faut pas se priver de cet instrument décisif qu'est l'instrument monétaire,  [45] même si, s'agissant de la France, il ne nous dispensera pas de faire également des réformes structurelles. [46]

[44] Vive l'indépendance de la BCE...

[45] ... Mais faut qu'elle fasse ce qu'on lui demande... Fallait pas y mettre Trichet... héhé... Un coup pour les Libéraux, un coup pour les Souverainistes... On risque d'en avoir besoin.

[46] Une petite couche de plus pour la rupture libérale.

Qu'entendez-vous par fiscalité écologique?

Il ne s'agit pas de mettre une taxe sur l'essence, mais d'instaurer une fiscalité différenciée pour les produits propres et les produits polluants. [47] Actuellement, la fiscalité écologique représente 2,5% du PIB. Il faut passer à 5% en faisant payer les pollueurs. Il faut aussi négocier avec nos partenaires européens des taux réduits de 19,6% à 5,5% de TVA, par exemple pour les voitures propres, les bâtiments à haute qualité environnementale ou les travaux d'isolation de son pavillon.[48]

[47] Voilà une voie innovante. Innovante, mais floue...

[48] Venant d'un ministre d'un gouvernement qui remplace l'aide ADEME pour les panneaux solaires par exemple en crédit d'impot (et donc qui recule d'un an le remboursement au particulier) ou qui supprime de nombreux travaux du taux à 5,5%, ça aurait plutôt tendance à me faire rire... ou pleurer...

Croire en la démocratie sociale et annoncer le vote en juin d'une loi sur le service minimum en cas de grève dans les transports, n'est-ce pas incompatible ?

Je ne vois pas pourquoi ce serait incompatible. En quoi un service minimum, qui est la contrepartie d'un monopole, serait-il contraire à la démocratie? Il existe déjà dans les hôpitaux, à la télévision. Je crois au droit de grève individuel, pas à la prise d'otages.[49]

[49] Sarkozy, partisan de la démocratie sociale ?!? Le Journaliste avait il bu? Heureusement, il corrige tout de suite le tir. Je ne vois pas en quoi le monopole induirait service minimum. Mais il va peut être nous l'expliquer. Quant à l'utilisation du mot "prise d'otages" dans le cadre d'une grève, tout le monde voit qui il vise.

Avec la bonne conjoncture, le déficit budgétaire s'est réduit plus que prévu. Faut-il accélérer le retour de l'endettement sous la barre des 60% du PIB ?

Ce qu'il faut, c'est en priorité faire des réformes. [50] Ce sont elles qui apporteront la croissance et les économies. L'objectif, en tout cas, doit être atteint car un pays lourdement déficitaire met en danger son indépendance.

[50] En voilà un dogme qu'il est beau. Il y a quelques années, c'était la croissance à tout prix. Ou les grosses holdings. Ou small is beautifull. Aujourd'hui, c'est la Réforme! Ce qui a de bien avec les économistes et les intellectuels du libéralisme, c'est qu'ils n'ont pas peur d'être dogmatiques, ni même de se déjuger... Aux citoyens de comprendre après... et de payer la note.

Retrouvez l'intégralité de l'interview sur le site du Monde

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