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Werdok dans l'Isoloir
22 janvier 2007

Décryptage de l'interview au Monde de NS - 1

Nicolas Sarkozy dans le Monde daté du 22/01/07. En italique les questions du Monde, en Noir, les réponses du candidat de l'UMP, en bleu, indicés par des notes, mes commentaires perso.

Quelle est la première de vos priorités économiques ?

La priorité des priorités est de revaloriser le travail [1]. La crise morale française porte un nom : c'est la crise du travail. C'est lui qui est créateur d'emplois, et pas le partage du travail [2]. Le travail crée le travail. Il faut donc récompenser le travail, créer de l'activité, favoriser la croissance. [3] Et ce sont les réformes qui feront la croissance, pas les économies budgétaires. [4]

Beaucoup de choses en trois lignes.

[1] : Bonne analyse du mal être des salariés... C'est une bonne idée de revaloriser le travail. Reste à savoir ce que l'on revalorise : est ce la valeur Travail ou la valeur du Travail? Au vu de ce qui suit, c'est bien dans le premier sens qu'il faut l'entendre. L'idée n'est pas de faire en sorte que le travail soit plus valorisé en tant que tel mais bien que le mot Travail reprenne du grade.

L'assertion [2] porte en filigrane la raison de la dévalorisation du travail : 35 heures. Mais rien sur les emplois jetables, sur la non reconnaissance des efforts dans l'entreprise, sur les seniors mis à la porte une fois leur travail accompli, sur la différence de revenus entre les cadres dirigeants et les autres... Voilà d'autres raisons qui ont contribué à dévaluer le travail. Mais ce sont des raisons "de gauche"...

Retour à quelque chose de plus unanimiste avec le point [3]...

Par contre, le point [4] reste très obscur pour moi... sans doute est il trop idéologique pour être vraiment logique.

Notre premier grand problème est celui du pouvoir d'achat. [5] Pourquoi avons-nous, depuis quinze ans, un taux de croissance inférieur de 1% à celui des meilleurs des pays libres? Parce que les salaires sont trop bas, [6] les charges trop lourdes, la pression fiscale trop élevée. [7] Les 35 heures ont servi de prétexte à la rigueur salariale et creusé le déficit de l'Etat. 17 milliards d'euros, sur les 22 milliards d'euros d'allégements de charges, servent à les payer. [8]

[5] : c'est surtout le grand problème des salariés (et un peu des retraités à bas revenu) plutôt que son problème...

[6] : Sarkozy keyneisien... Après Sarko Gaulliste lors de son sacre, voilà la 2e grosse surprise de l'année.

Heureusement, le point [7] vient nous rappeler qu'il est quand même libéral.

Et le point [8] que les 35h sont la cause de tout. Pour la rigueur salariale, ça c'est clair, mais c'est comme accuser la pédale d'accélération d'être coupable des accidents sur la route... Quant aux allégements de charges, grand levier des années UMP depuis 2002, amusant de constater qu'il semble dubitatif.

Comment redonnerez-vous du pouvoir d'achat aux Français ?

Je propose une véritable révolution économique. [9] On ne peut pas se dire européen et se satisfaire de prélèvements obligatoires qui représentent 45,3% du produit intérieur brut (PIB), soit 4points de plus que la moyenne de l'Union européenne à quinze.[10] Il faut que les Français en aient pour leur argent. [11] On peut leur donner des prestations meilleures en dépensant moins. Si on réduit de 4 points nos prélèvements obligatoires, on rend 68 milliards d'euros aux Français : 2000euros rendus aux Français par foyer et par an, y compris les retraités, et 4900euros par foyer si l'on s'en tient à la France qui travaille.[12]

[9] Voilà la "rupture tranquille". Ou plus exactement les réformes... Et on sait ce que cela signifie dans la bouche libérale.

[10] Ah bon, je ne vois pas le rapport entre être européen et avoir un taux de prélèvements obligatoires (qui, je le rappelle, a augmenté sous les gouvernements Raffarin et Villepin) élevé.

[11] Ca c'est sûr... Le seul problème, c'est qu'on prend le problème dans le mauvais sens : si on économise d'abord, on détruit la qualité du service. Alors que si on améliore le rendement et la qualité du service d'abord, l'économie et/ou le rapport cout/qualité s'améliore tout seul.

[12] Le pompom : génial 2000€ par an en plus... Ah merde, c'est une moyenne... Tiens, j'aimerais bien savoir la répartition par classe sociale... La suite de l'interview va nous en dire plus.

Comment le ferez-vous concrètement ?

Nous le ferons en réduisant la fiscalité qui pèse sur le travail. [13] Nous le ferons aussi en récompensant le travail supplémentaire. [14] Tout est fait aujourd'hui pour décourager les entreprises d'en donner. J'estime qu'on a payé son dû à la Sécurité sociale quand on a payé les cotisations pour la durée moyenne de travail. Je propose donc que les entreprises ne payent pas de cotisations sur les heures supplémentaires – ce sera une incitation pour l'entreprise à en donner [15] – et que le salarié ne paie pas d'impôt sur le revenu supplémentaire qu'il perçoit. [16] Songez qu'un salarié rémunéré au smic qui fera 4 heures supplémentaires par semaine augmentera son revenu de près de 2000euros par an. C'est un double bonus. Et l'Etat y trouvera son compte car, lorsque les salariés ont plus de pouvoir d'achat, ils consomment davantage, et les recettes de TVA augmentent.[17]

[13] Oulàlà, ça veut dire que l'impot sur l'IR et les taxes salariales vont baisser?

[14] Ah non, c'est pour le travail supplémentaire. Ah oui, "revaloriser le travail".

[15] Et en premier lieu, pour les entreprises... Cela dit, je ne connais pas d'entreprise qui donne des heures supp si elle n'a pas de boulot à faire

[16] Ca, c'est une révolution... Un peu libérale et égoïste, mais une vraie révolution... Qui devrait sans doute permettre aux entreprises de sous payer leurs cadres (en brut) et en leur payant le surplus en "heures supplémentaires". Y a des cadres qui vont se faire du fric à gogo là dessus... En commençant par moi...

[17] Pour consommer, faut il encore avoir du temps libre... C'est un impact non négligeable des 35h qui n'a jamais été tellement évoqué ni évalué...

Le Conseil constitutionnel semble avoir des réserves sur l'exonération de l'impôt sur le revenu…

Je suis prêt à affronter ce débat tant il me paraît essentiel à la croissance française.

Vous êtes prêts à affronter ce débat sur l'exonération de l'impôt sur le revenu avec Jean-Louis Debré, s'il est nommé entre-temps président du Conseil constitutionnel ?

J'ai la volonté de réhabiliter le travail. Cela n'a rien à voir avec la nomination du président du Conseil constitutionnel. [18] Je veux également mettre fin à une injustice qui consiste à rémunérer différemment les heures supplémentaires : 10 % de plus dans les entreprises de moins de 20 salariés et 25 % dans les autres. Tout le monde doit avoir 25 %.[19]

[18] +1 sur ce point. Rien à voir sinon une pique de tafiole entre chiraquien et sarkoziste.

[19] Mais ce n'est plus à l'entreprise de payer l'économie induite par le fait de faire travailler plus ses salariés, mais à l'Etat puisque c'est lui qui est "baisé"

Peut-on réduire à ce point la dépense publique ?

Trouver des économies est possible à condition de traiter de l'emploi dans la fonction publique. [20] Avec les retraites des fonctionnaires, il représente 45% du budget. Je fais mien l'objectif de ne pas remplacer le départ à la retraite d'un fonctionnaire sur deux. [21]  La moitié de la productivité ainsi gagnée doit servir à réduire les déficits, l'autre à augmenter le pouvoir d'achat des fonctionnaires. [22]

Il faudra aussi supprimer tous les organismes inutiles, comme le Conseil monétaire de la Banque de France [23] , et faire une révision systématique de tous les programmes [24]. Nous ne voulons pas consacrer 5 milliards d'euros aux préretraites : nous voulons utiliser l'argent public pour créer de l'activité, pas pour empêcher les gens de travailler. [25]  Les 23 milliards de la formation professionnelle constituent un gisement de productivité considérable. Et il ne faut plus de minima sociaux sans contrepartie d'activité. [26]  Dans notre société, les devoirs doivent être la contrepartie des droits. [27]

[20] En premier lieu, il faudrait déjà traiter du périmètre de la fonction publique. C'est bien gentil, mais tant que cet aspect là n'aura pas été traité, ce sera difficile de savoir où faire des économies. De même, c'est facile de réduire le nombre de fonctionnaires de l'Etat en les transférant aux collectivités locales. Mais ce n'est pas ce qui fait faire des économies aux français.

[21] Revoilà le fonctionnaire sur deux non remplacé... Petite couche dans le sens du poil pour les poujado-libéraux pour qui les fonctionnaires ne sont que de sales feignasses... Mais bon, pas trop de réponse pour savoir comme les français vont faire pour gérer 2 fois plus d'élèves dans les classes, 2 fois moins d'infirmières, de flics ou de crèches...

[22] Augmentation de la productivité. Si ils font le boulot en 1h, demain ils le feront en 1/2h, ces salops de feignants de fonctionnaires. Leur taux de café dans le sang ne s'en portera que mieux.

[23] Là, par contre, il y a du ménage à faire... Ou à optimiser en tout cas... J'attends avec impatience NS se battant contre les grands barons replacés ici ou là par ses amis ou les anciens du gouvernement Jospin...

[24] Là, mystère, de quels programmes parle-t-on? Les grands travaux planifiés? Les programmes militaires?

[25] En l'occurence, le système des pré-retraites a été surtout mis en place pour une chose : diminuer le chiffre des demandeurs d'emploi senior en permettant aux entreprises de s'en débarrasser légalement. Et donc faire faire des économies à l'assurance chomage. Bref, ce qui empêche les gens de travailler, dans ce cas là, ce ne sont pas les aides qu'ils perçoivent, mais bien les entreprises qui veulent s'en débarrasser.

[26] Ca, c'est tout simplement la fin du RMI voire de l'Assurance Chomage. Rien de plus, rien de moins...

[27] Droits du citoyen? Et les devoirs de l'Etat?

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