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Werdok dans l'Isoloir
14 mars 2007

TVA sociale et escroquerie

La TVA sociale semble rentrer discrètement dans la campagne. Après les Think thanks de Sarko (Méhaignerie en première ligne), après Bayrou qui l'a évoquée, voilà Borloo qui la met sur le tapis. Alors, bien sûr, on en parle moins que de la baisse des impots ou de l'identité nationale, mais c'est bien normal. Qui voudrait annoncer aux français que le prix des produits va augmenter mécaniquement de 1, 2 ou 3% par la hausse de la TVA (qui n'a de social que l'habillage qu'on veut lui donner)? Alors bien sûr, on nous promet que c'est en échange d'autre chose. Pour l'un, c'est la RDS, pour l'autre, ce sont les taxes sur les bas salaires, pour le troisième, ce sont les taxes patronales.

Certes, je ne suis pas un grand économiste, par contre, je suis un citoyen moyen qui va faire ses courses et je ne comprends pas l'ambition de cette hausse, sinon de compenser des baisses dogmatiques (tiens, à propos, vous savez que l'économie prévue par le programme Sarko avec le non remplacement d'un fonctionnaire sur deux est égale à la baisse des recettes liée à l'exonération des 15% supplémentaires de l'impot sur les successions?). Je m'explique.

La TVA augmente disons de 2%. Les prix, dans un premier temps en tout cas, suivent. Alors on va me dire que les baisses sur les charges du travail vont permettre de faire baisser les prix avant TVA et donc d'amortir la hausse. Peut être. Encore faudrait il acheter des produits français... Pour une grande partie des français, la consommation se fait sur des bases incompressibles. C'est à dire que la plupart de leur consommation concerne des produits indispensables. Le montant de ces produits indispensables va donc augmenter en même temps que la TVA. Trois choix alors pour le français : Soit il réduit le montant de ces produits indispensables en achetant à moindre cout. Soit il réduit la part des produits non indispensables pour garder la même assiette de dépense. Soit il augmente ses dépenses pour baisser son épargne.

Je me doute légèrement que dans l'esprit des penseurs de cette hausse, c'est le 3e cas de figure qui est envisagé. C'est stupide dans la mesure où cette part d'épargne, quand elle existe, sert soit à financer des projets à long terme (achat immobilier, voiture, travaux), soit à "payer" la crainte de la précarité (qui avec les futures mesures sociales de Sarko voire Bayrou ne va pas diminuer dans l'esprit des français). Bref, un cas où finalement ce ne sera qu'un transfert de consommation et donc pas de hausse globale de la consommation et un cas plus irrationnel qu'une mesure technique de ce type ne suffira pas à résoudre.

Prenons à présent les deux premiers cas. Dans le premier, on achète à moindre cout. Qu'est ce que cela signifie? Cela signifie qu'on va exactement dans la direction opposée à celle où il faudrait aller. Il faudra bien un jour qu'on comprenne qu'acheter à moindre cout est peut être bénéfique à court terme pour son porte monnaie, mais que de l'autre coté de la chaine, c'est le producteur initial ou le salarié qui trinque. En particulier parce que ses produits premiers ne sont pas payés à leur juste valeur, voire parce qu'on l'abandonnera pour aller chercher des produits moins chers. La délocalisation, l'agriculture intensive, la non hausse des salaires dans l'industrie manufacturière viennent aussi de là. Bref, acheter à moindre cout ne servira en aucun cas les intérêts du salarié français ni même de l'industrie française puisque d'autres pays sont capables de descendre plus encore les couts. L'industrie française ne peut s'en sortir que par la qualité. Et la qualité, c'est souvent le prix.

Dans le deuxième cas, on a également un transfert de consommation des produits dits accessoires aux produits nécessaires. Sans trop d'impact sur l'économie donc. Quoique des activités comme les loisirs ou le tourisme peuvent en souffrir. Par contre, le moral des français peut s'en ressentir si ils n'ont l'impression de travailler uniquement pour manger. Déjà qu'on ne leur promet une revalorisation des salaires que par d'hypothétiques heures supplémentaires.

Alors si il y a des experts qui veulent bien m'expliquer comment ils font pour s'en sortir avec une telle mesure, ça m'intéresse, j'ai du rater une étape...

Et ça me parait bigrement plus important que de savoir si il faut savoir faire un cassoulet et une choucroute pour être français.

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Commentaires
E
Vous pouvez avoir des explications ici:<br /> http://enguerrand.over-blog.org/article-6349681.html
Werdok dans l'Isoloir
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